Pour en finir avec les portraits des ancêtres de Jean MARNAS, notre Sosa 1, je souhaite vous présenter plus en détail les documents trouvés au sujet de sa mère Claudine RATTON et de son grand-père Floris RATTON, et plus particulièrement un inventaire.
|
Image Pixabay |
Nous avions vu dans l'article précédent que 2 ans après son mariage, en 1788, Claudine devenait l'héritière de tous les biens de son père Floris sous certaines réserves.
Mais j'ai trouvé, encore 2 ans après, le 16 avril 1790, un acte dressé devant Me DUCREUX par Flory RATTON, vigneron de la Mathivière, en présence de Jean MARNAS maçon et charpentier, et de Claudine RATTON sa femme.
J'ai décidé de consacrer une grande partie de cet article à ce document qui m'a intriguée et amusée en même temps. Jugez par vous-même et n'hésitez-pas à me donner votre avis en commentaire !
Se mettre en particulier
Floris RATTON désire "se mettre en particulier " et jouir de tout ce qu'il s'était réservé dans la donation faite à sa fille. En fait, il désire sortir de la communauté créée depuis 2 ans avec sa fille et son gendre. Sa femme, Jeanne CLARON, est décédée depuis quelques mois seulement. Il a fait signifier par exploit de l'huissier CHABOGNE, la veille, qu'il entend se charger des meubles, effets, linges et ustensiles de ménage qui garnissent la cuisine. Le notaire dresse donc l'inventaire de ces objets dans l'état où ils se trouvent, inventaire qui sera remis à sa fille Claudine RATTON.
Voici la description de cette cuisine si importante aux yeux des RATTON.
"La cuisine est garnie
d’une table montée par quatre pieds qui a deux tiroirs bois fayard*, deux bancs,
un buffet, un dressoir au-dessus à trois portes, trois tiroirs garnis de trois
serrures avec leur clé, un pot, une chopine terre commune, un bénitier fayence,
une écuelle, son couvercle et seize plats étains fin qui garnissent ledit
dressoir, une horloge, son cadre cuivre, les heures émaillées garnie de ses poids
et cordes, sa caisse bois noyer, un dressoir garni de six grands plats étain
fin, un autre dressoir qui est sur la cheminée garni de onze plats et six salières
le tout étain fin, une armoire servant de garde-manger bois pin à deux portes
et un tiroir sans serrure, deux chenets à feu à couronne, une crémaillère, une
porte pour le feu, la porte du four taule, deux marmites fonte dont l’une a son
couvercle fonte, deux écuelles terre commune, un lit à quatre colonnes rondes
bois noyer garni de trois pentes, son tour étoffe burete bleu, deux tringles
fer sans ciel, une paillasse, une coite baloufe*, un chevessier* plume, deux draps toile de pays et une
couverture sergé* grise, deux chaises paille commune, une lampe fer, une cuiller à soupe fer, un vinaigrier, un mortier avec son
pilon bois, une salière [azoir] dont et du tout ledit Fleury RATTON se charge
pour en jouir au désir de la donation."
|
Libre interprétation de ChatGPT |
"Ledit RATTON
est actuellement entré en possession de la cuisine, du grenier au-dessus et de
la moitié de la fennière. Pour communiquer de la cuisine au grenier, RATTON
fera faire une montée dans la cuisine. Les mariés MARNAS feront trapper les
portes des chambres qui communiquent à la cuisine. La moitié de la fenière dont
RATTON jouira est du côté de bize jusqu’au fete."
"Si les
parties veulent faire une séparation des deux moitiés de fennière, elle sera
faite en planches à moitié frais à la première réquisition de l’une d’elles. Le
[dégorgeoir] sera à la manière accoutumée dans le chapit qui est à la tête de
la fennière pour l’ameublissement des foins et pailles."
"Il est
convenu que pour tenir lieu des frais de labour faits par MARNAS dans la terre
réservée par RATTON laquelle est ensemencée de bled seigle, ledit RATTON promet
et s’oblige de délivrer à MARNAS vingt quintaux de paille et deux bichets de
blé seigle mesure de Lyon lors de la récolte prochaine."
"RATTON déclare
que les mariés MARNAS lui ont délivré les trois bichets froment et les trois
bichets seigle pour semence rappelée dans la donation dont il les décharge.
Quant aux autres clauses et conditions portées dans la donation, elles seront
exécutées selon leur forme et teneur."
La quantité des ustensiles utilisés dans cette cuisine est impressionnante. Les relations devaient être passablement tendues entre père et fille pour instaurer tout ce formalisme dans la séparation !
Remise en cause du leg paternel
J'ai trouvé un autre document concernant Claudine RATTON et sa famille. Il s'agit d'un traité passé entre Jean RATTON et les mariés MARNAS et RATTON, passé le 11 ventose an XIII (2 mars 1805).
L'acte explique que Claudine a donné à son frère Jean le leg que lui a laissé leur père Floris: 700 francs (en fait 700 livres), un habit de drap de Mornant , 4 bichets de blé et 3 asnées de vin et un coffre.
Mais Jean RATTON a observé que le leg qui lui a été fait par son père n'est pas suffisant pour le remplir de sa légitime* de droit dans la succession de celui-ci, qui est le 1/10e de ladite succession.
Il était sur le point de se pouvoir contre sa sœur en supplément de légitime, mais tous frais considérés, les parties traitent et transigent sur un accord.
En effet, Claudine donne à son frère une vigne située au Combrioux, une autre située au lieu de Pierre Guillot, une autre aux Granges et le pré Roche. Claudine indique que la valeur des fonds est de 600 francs. La récolte en blé qui est pendante sera partagée entre les parties à la gerbe. En contrepartie, Jean abandonne tous ses droits légitimaires paternels.
Voici les traces laissées par Claudine RATTON, personnage haut en couleur, aux relations houleuses avec sa famille.
* Fayard : hêtre
* Baloufe, ballouffe : enveloppe florale de l'avoine, employée pour faire des paillasses
* Chevessié : oreiller, traversin
* Serge : étoffe légère, faite de laine
* Légitime : institution analogue à la réserve légale actuelle garantissant aux héritiers une portion de l'héritage du défunt
Cet inventaire est particulièrement intéressant.
RépondreSupprimerJ’ai appris deux nouveaux mots pour bien dormir : une coite baloufe et un chevessier plume.